Qualifiée pour sa deuxième finale de Mondial d'affilée, l’équipe de France a encore quelques détails à régler avant d’affronter l’Argentine ce dimanche. Jusqu’ici, le bateau a tangué sans couler mais il faudra certainement remettre à flots certains principes pour résister au tsunami Lionel Messi.
Après avoir entamé le tournoi en maîtrisant l’Australie et le Danemark, les Bleus ont emprunté une route différente depuis le début des matches à élimination directe. De retour à une formule plus conservatrice et familière, Didier Deschamps semble vouloir refaire le coup de 2018. Alors qu’elle affichait 48% de possession de balle en Russie, son équipe plafonne à 45% sur ses trois derniers matches.
Mais si la forme a des similitudes, le fond est différent. Les 14 tirs cadrés concédés face à la Pologne, l’Angleterre et le Maroc dépassent les 11 encaissés face à l’Argentine, l’Uruguay et la Belgique, pourtant globalement mieux armés à l'époque que les nations rencontrées lors de ce Mondial. Compacts et tranchants durant l’épopée moscovite, les Bleus semblent aujourd’hui s'appuyer sur un modèle bien moins fiable, qui expose plus et offre moins. Jules Koundé le résumait après la victoire face au Maroc : “On a parfois été sur un fil, mais heureusement pour nous, Hugo (Lloris) a fait quelques arrêts et on a eu un petit peu de chance.”
Des brèches sans ballon
Qu'on se le dise, les Bleus défendent à dix, s'organisant en 4-3-2 ou en 4-4-1 selon la position d'Antoine Griezmann. Volontairement détaché du mécanisme défensif, Kylian Mbappé erre axe gauche pour offrir une possibilité immédiate de transition en cas de récupération. Et pendant qu'Adrien Rabiot s'époumone à compenser et couvrir les espaces dans son dos, des brèches s’ouvrent fatalement.
Les Anglais l'avaient d’ailleurs bien compris en déportant Jordan Henderson très au large sur le côté droit (ce qu’ils avaient déjà fait face au Sénégal) afin d'épauler un Bukayo Saka qui ne pouvait pas compter sur le soutien de Kyle Walker, trop occupé à gérer Mbappé. Si les Three Lions ont été éliminés, difficile de ne pas reconnaître que cette animation a été un franc succès tant les Bleus ont peiné à défendre cette zone, jusqu’à concéder le premier penalty pour une faute sur l'ailier des Gunners en début de seconde période.
En demie face au Maroc ? Rebelote. Grâce au triangle Hakimi - Ounahi - Ziyech, les Lions de l’Atlas se sont procurés des situations dangereuses jusqu’à l’entrée de Marcus Thuram, appelé pour renforcer le couloir à partir de la 65e minute. Au total, le Maroc a concentré 54% de ses attaques côté droit… endroit que devrait occuper Lionel Messi pour le match de sa vie ce dimanche.