Séville, 8 juillet 1982 : le match qui a tout changé

Écrit par B.Colombari, le 8 juillet 2022 à 00:00.

Séville, 8 juillet 1982 : le match qui a tout changé

Spectaculaire, frustrant, riche en rebondissements, choquant, le RFA-France de 1982 vit encore, quarante ans après. Il marque aussi le changement de statut des Bleus, dans un mouvement plus vaste qui touche le sport français de l’époque.

Tous ceux qui ont aujourd’hui moins d’une cinquantaine d’années, ce qui fait du monde (près de 40 millions de Français selon l’INSEE) ont sûrement beaucoup de mal à imaginer à quoi ressemblait le paysage du football français en 1981 : des clubs qui se heurtaient au plafond de verre des finales de coupe d’Europe (Reims en 1956 et 1959 contre le Real Madrid, Saint-Etienne en 1976 face au Bayern Munich et Bastia en 1978 devant le PSV Eindhoven) et une équipe nationale qui retrouvait à peine une place dans les phases finales mondiales après un long tunnel, mais dont l’imaginaire était resté bloqué sur l’année 1958, avec une demi-finale (largement) perdue contre le Brésil de Pelé. 

Autant dire que pour les Bleus, au tournant des années 1980, l’exploit résidait plutôt dans le fait de se qualifier pour une Coupe du monde que de la gagner. Les parcours qualificatifs, jalonnés classiquement de déplacements dans les pays du Bloc de l’Est (Yougoslavie, Bulgarie, RDA…), avaient des allures de parcours du combattant où les défenseurs adverses maniaient la faucille tandis que les attaquants usaient du marteau. En 1980 pourtant, les Bleus avaient hérité d’un groupe de cinq avec donc deux qualifiés directs, dont l’adversaire situé géographiquement le plus à l’Est était Chypre. Mais il comptait aussi la Belgique, vice-championne d’Europe, et les Pays-Bas, vice-champions du monde, en plus de la République d’Irlande, ce qui laissait augurer une lutte à trois dans laquelle les points perdus à Dublin ou Limassol allaient se payer très cher. 

D’ailleurs, le parcours qualificatif des Bleus serait on ne peut plus classique : victoires à Chypre (7-0) et contre l’Irlande à la maison (2-0) pour commencer, puis défaite à Rotterdam (0-1) suivie d’un match à suspense remporté contre la Belgique au Parc (3-2), et encore deux défaites à l’automne à Bruxelles (0-2) et à Dublin (2-3). Quatrième sur cinq mi-octobre, l’équipe de France d’un Michel Hidalgo sur un siège éjectable se sauve en gagnant ses deux derniers matchs contre les Pays-Bas (2-0) et Chypre (4-0). Pour la première fois depuis 1958, elle va participer à deux phases finales

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