Dernière équipe française en lice en Ligue Europa, l'Olympique Lyonnais joue une partie de sa fin de saison jeudi face à West Ham. Mais à quoi doivent s'attendre les joueurs de Peter Bosz ?
Sixième du championnat, la place à laquelle le club avait terminé le dernier exercice, West Ham s’affiche aujourd'hui comme la meilleure équipe du “reste” de la Premier League. En plus de tenir la dragée haute aux gros (victoire à domicile face à Tottenham, Liverpool et Chelsea), les Hammers se retrouvent en quart de finale d’une coupe d’Europe pour la première fois depuis 1981 après avoir éliminé le FC Séville au tour précédent.
Sur le plan tactique, les futurs adversaires de l’OL s’organisent en 4-2-3-1 avec le ballon et en 4-5-1 lorsqu'ils ne l'ont plus. Si Manuel Lanzini est souvent placé en position de numéro 10 dans les compositions d'avant-match, la réalité est un peu différente. L’Argentin permute constamment à la relance avec Tomáš Souček, moins doué techniquement pour ressortir les ballons.
La relance et Declan Rice
West Ham est une équipe simple et sans identité forte. Les joueurs de David Moyes ne font clairement pas partie de ces formations à la pointe de la modernité footballistique. Ils partagent malgré tout certaines animations avec les cadors, notamment à la relance. On peut notamment voir les Londoniens faire reculer un joueur pour faciliter la sortie du ballon.
Kurt Zouma et Craig Dawson n’étant pas les défenseurs les plus aptes dans l'exercice, ils sont souvent épaulés par Declan Rice et Manuel Lanzini. L’Anglais et l’Argentin décrochent souvent de part et d’autre du terrain (Lanzini à droite, Rice à gauche), entre le central et le latéral, afin d’offrir une solution simple à leur défenseur, d’apporter leur finesse technique et de permettre à Cresswell ou Johnson de prendre leur couloir.
Cette animation peut parfois sembler forcée tant elle fait reculer beaucoup de joueurs derrière le ballon. Elle apparaît toutefois réellement indispensable tant les défenseurs et le gardien londoniens peuvent être en difficulté lorsqu’ils sont livrés à eux-mêmes. Même en supériorité numérique, ils ne montrent aucune facilité à ressortir le ballon, peuvent se mettre rapidement en danger et finir par allonger. En plus d'aider les défenseurs, la modulation permet aussi d’exploiter un principe important chez David Moyes : la sortie par les côtés.
West Ham cherche à toucher ses joueurs excentrés pour prendre de la vitesse, notamment à gauche. Cela passe souvent par Aaron Cresswell, qui sert ensuite son ailier (Benrahma) le long de la ligne de touche. Le latéral anglais fait partie des 3% des joueurs qui parcourent le plus de mètres vers le but adverse par la passe cette saison en Premier League à son poste.
Un côté fort (41% des offensives naissent de cette aile) qui vient plus des profils alignés que d’une véritable volonté de l'entraîneur puisque Declan Rice décroche dans cette zone et que Cresswell est plus juste et habile que son homologue Ben Johnson, souvent brouillon à droite. Plus haut, Benrahma est lui plus apte à se retourner et éliminer le long de la ligne de touche que Fornals.
En plus de venir en aide à sa défense, il est évident que Declan Rice surnage dans le onze des Hammers. Meilleur que tout le monde avec et sans ballon, l’Anglo-irlandais est capable de casser des lignes par la passe, d’éliminer, de percuter (top 1% des milieux qui effectuent le plus de mètres balle au pied en Premier League), de défendre sur l’homme, de lire les trajectoires et d’intercepter… À 23 ans à peine, le capitaine de West Ham démontre tous les week-ends que le très grand Stade Olympique de Londres commence à être trop petit pour lui.
Des centres et Michail Antonio
Conséquence logique pour une équipe qui ressort la majorité des ballons sur les côtés et qui est capable d’y faire des différences : West Ham tente d’approcher le but grâce à de nombreux centres. Avec 13 joueurs de champ qui culminent à plus d’1 mètre 80 dans l'effectif, les Hammers sont armés sur ces phases de jeu. Et tout cela se traduit statistiquement puisque West Ham est l'équipe qui marque le plus sur ces séquences cette saison en Premier League avec Chelsea et Manchester City (13 buts sur les 28 inscrits dans le jeu !).
Et pour y parvenir, une nouvelle fois, rien de très moderne : beaucoup de joueurs dans la surface et de la densité au premier poteau pendant que le latéral à l'opposée vient fermer au deuxième en profitant ainsi d’un un contre un. La qualité des centreurs et des receveurs fait le reste. Le géant Tomáš Souček joue un rôle clé dans cette organisation, étant donné son profil de milieu box to box capable d'agir sur toute la longueur du terrain afin d'apporter un surnombre dans les deux surfaces.
Si West Ham est la quatrième meilleure attaque de Premier League cette saison, elle le doit en partie à son attaquant de pointe, Michail Antonio. Profil atypique et au club depuis 2015, le Jamaïcain est un joueur emblématique des Hammers. Et même si sa qualité technique n'est pas irréprochable, il règle pas mal de problèmes.
Les hommes de Moyes ne peuvent pas s'appuyer sur une animation offensive très sophistiquée. Ils se reposent donc sur les exploits de leur 9, qui a longtemps joué à différents postes dans le couloir droit. Antonio est très souvent sollicité et utilise ses grosses capacités physiques pour remiser, se retourner ou percuter. Il a d’ailleurs autant de passes décisives que de buts cette saison toutes compétitions confondues (10 et 10).
En difficulté pour défendre sa surface face à Angers ce week-end, l'Olympique Lyonnais risque de souffrir s'il ne parvient pas à monopoliser le ballon. Avec Antonio, Soucek et les autres, les Hammers ont en tout cas pas mal d'atouts pour peser dans la zone de vérité et mettre à mal une défense loin d'être dominante près de sa base.
Une volonté d’aller chercher haut
Les 47% de possession et moins de 80% de passes réussies traduisent bien le jeu direct recherché par Declan Rice et les siens. Les Hammers vont vite dans le camp adverse… mais ils ambitionnent aussi d'y rester ! Et pour cela, David Moyes demande de presser haut. Toujours dans la simplicité, avec une équipe qui presse en bloc, le plus souvent en individuelle, forçant ainsi une perte de balle adverse ou une passe longue vers une charnière Zouma-Dawson qui règne dans les airs.
Des failles existantes
L'absence d'identité de jeu forte avec le ballon, et plus généralement de qualité à certains postes, ouvre toutefois des failles dans le bloc londonien. La première concerne la gestion des joueurs entre les lignes. Sur certaines séquences, les Hammers défendent en bloc médian et gèrent mal l’espace entre les défenseurs et les milieux. Très régulièrement, les adversaires peuvent trouver des joueurs bien placés dans le dos des milieux, qui se retrouvent ensuite exposés face à des éléments lancés.
Deuxième faille identifiable dans l’équipe de David Moyes : le pressing inconstant de Michail Antonio. Lui qui ne compte pas ses efforts avec ballon n’est pas le plus généreux sans. Après la première lame du pressing, il se décourage et ne fait pas la deuxième course. Dès qu’il est dépassé, son pressing s’arrête et permet à l’adversaire d’orienter le jeu comme il le souhaite alors que le bloc derrière lui est toujours en place.
Malgré les résultats et ses qualités, West Ham dispose aussi de failles claires et handicapantes. Même si l’attente est énorme autour de ce quart de finale d’Europa League, avec plus de 50 000 billets vendus en quatre jours (pour un stade de 60 000 places), nul doute que l’Olympique Lyonnais a plus d'un atout pour frapper un grand coup sur l’enclume londonienne. Avec le ballon, des joueurs comme Paqueta, Faivre ou Aouar (voire Tetê) auront plus d'une occasion de briller s'ils sont trouvés entre les lignes adverses.