En Angleterre, le meilleur buteur européen risque de ne pas être champion. Tout l’inverse du meilleur passeur européen, dont la formation domine le championnat belge.
La prison dorée de Manchester City
Zéro tir, zéro ballon touché dans la surface et une défaite 1-0. Face à Tottenham, Erling Haaland a vécu un match d’autant plus compliqué qu’aucun partenaire n’a réussi à endosser le costume de finisseur. Incapable de trouver le chemin des filets lors de cinq de ses sept dernières apparitions, le Norvégien incarne malgré lui les tourments de Manchester City, également battu par United en championnat (1-2) et Southampton en League Cup (0-2), longtemps malmené par les Spurs il y a deux semaines (4-2) et vainqueur sans être bons de l’équipe B d’Arsenal en Cup (1-0). Une situation d’autant plus inquiétante que, s’il avait débuté sur le banc à Southampton, la meilleure performance collective d’après-Mondial a eu lieu contre Chelsea (4-0)… lors de la seule rencontre qu’il n’a pas disputée. Se pose donc la question de la perte de fluidité amenée par l’arrivée d’un pur numéro 9, de la dépendance à des buts qu’il doit marquer pour compenser ceux que sa présence enlèverait à ses partenaires.
Habitué à embêter les Skyblues, Tottenham abordait ce choc dans un contexte particulier : obligé de subir une opération pour retirer sa vésicule biliaire, Antonio Conte n’était pour la première fois pas sur le banc, son adjoint Christian Stellini assurant la (longue) transition. Sans changer le dispositif ni les hommes par rapport au dernier match de championnat, donc sans chercher à surprendre Pep Guardiola. Le Catalan avait de son côté choisi d’aligner le latéral droit Rico Lewis côté gauche, avec comme toujours la consigne de jouer milieu de terrain en possession comme le faisait Joao Cancelo. Positionné proche de Rodri, avec Pierre-Emile Hojbjerg et Rodrigo Bentancur sur eux et une première ligne Son-Kane-Kulusevski fermant les passes en retrait vers Kyle Walker, Manuel Akanji et Nathan Aké, les deux hommes étaient essentiels. Car qui dit égalité numérique (trois attaquants des Spurs sur trois défenseurs et un deux contre deux au milieu), dit décalage potentiel si un adversaire est éliminé.
Après seulement 13 minutes, c’est du mauvais côté que la pièce est retombée : conservation devant la surface, passe de Rodri vers Lewis interceptée par Hojbjerg qui offre le but à Harry Kane. Les risques du métier mais, a priori, rien de rédhibitoire. Après tout, Lille avait vécu une situation assez proche la veille face à Rennes et s’était pourtant remis dans le match sans renier ses principes. Le problème, c’est que les Citizens, maîtres du ballon et du territoire, n’ont pas su se créer suffisamment d’occasions. Battus aux Expected Goals (1,32 à 1,46 selon Opta), ils ont fait gonfler ce chiffre grâce aux coups de pied arrêtés, d’où sont venus 8 de leurs 15 tirs (0,72 xG dans le jeu contre 1,10 à l’adversaire). Leur stratégie a longtemps semblé se résumer à aspirer les milieux adverses pour trouver Bernardo Silva dans leur dos entre les lignes,